bienvenue à tous,

Il me revient un vers de Renée Vivien ( ma poétesse favorite ),
« Quelqu’un
Dans l’avenir
Se souviendra
De nous… »
Cette strophe résume aisément le sujet d’ « histoirecenthistoires ».
L’intérêt porté, par nos contemporains, aux vedettes actuelles occulte
bien souvent le souvenir des célébrités d’autrefois.
Tranquillement, peu à peu, le temps et les hommes ont effacé leurs empreintes de nos mémoires.
Retrouver leurs traces, se souvenir d’elles, est la pensée de ce blog.
J’affectionne aller reconnaître les catacombes du passé, où dorment ces héroïnes et ces héros.
J’aime questionner les ruines des lieux où leurs cœurs battirent. Je m’émerveille de voir ces endroits abandonnés, pourtant magiques, se ranimer, au premier accent du rêve, et retrouver tout leur éclat ancien.
Je vous invite à partager avec moi, ces rêves, ces enchantements, par des textes, de la poésie, des images et des récits de voyages.
C’est à une « odyssée » que je vous convie.
Embarquons alors et voguons !
J .D.

mardi 20 septembre 2011

Louisa Siefert, Immortalité

Louisa Pène-Siefert vit le jour à Lyon en 1845.  Mariée à trente ans, elle décède deux ans plus tard.  Souffrances, exaltations, déceptions secouent sa vie.  Pour fuir cette existence douloureuse elle se réfugie dans la poésie.  Elle débute avec un volume de vers sorti en 1868 (les rayons perdus).  Beau succès de librairie, cinq cents exemplaires vendus en moins d’un mois.  Suivent alors d’autres ouvrages où son talent s’affirme de plus en plus.  « …c’est aussi beau que les plaintes d’Antigone dans Sophocle… » (Rimbaud). 
Cœur déçu et blessé, Louise développe dans ses poèmes des sentiments très féminins en employant des expressions très masculines.  Ses vers sont précis, nets, réalistes. Un art du rythme caractérise ses chants.  
Patriote autant qu’amoureuse, elle publie en 1871, des vers civiques ( Les saintes Colères).  Parmi ses amis, on compte Hugo, Banville, Leconte de l’Isle et Sainte-Beuve.
Malheureusement, cette poétesse originale, marquée par le fatum, a laissé une oeuvre inachevée. Quelques poèmes, un roman (Méline) et un livre posthume (Souvenirs) publié par sa mère, c’est peu pour une enfant des Muses.  On l’oubliera vite.

Cette jeune femme qui mourut au printemps de la vie, fut courageuse devant la fatalité.  Malgré ses révoltes contre la maladie, les affolements et les angoisses de son inévitable fin, elle eut, dans un ouvrage,  cette grandeur de rappeler au monde les vertus des Stoïques.  Volontairement soumise à son destin, elle s’appliqua cette maxime :  « la fin suprême est de vivre selon la nature ».

« Immortalité » est extrait des « Stoïques » publié en 1870.


IMMORTALITE

Le chêne dans sa chute écrase le roseau,
Le torrent dans sa course entraîne l’herbe folle ;
Le passé prend la vie, et le vent la parole,
La mort prend tout : l’espoir, et le nid, et l’oiseau,

L’astre s’éteint, la voix expire sur les lèvres,
Quelqu’un ou quelque chose à tout instant s’en va,
Ce qui brûlait le cœur, ce que l’âme rêva,
Tout s’efface : les pleurs, les sourires, les fièvres,

Et cependant l’amour triomphe de l’oubli ;
La matière, que rien ne détruit, se transforme ;
Le gland semé d’hier devient le chêne énorme,
Un monde nouveau sort d’un monde enseveli,

Comme l’arbre, renaît le passé feuille à feuille,
Comme l’oiseau, le cœur retrouve sa chanson ;
L’âme a son rêve encore, et le champ sa moisson,
Car ce que l’homme perd, c’est Dieu qui le recueille.

(Les Stoïques) 

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