bienvenue à tous,

Il me revient un vers de Renée Vivien ( ma poétesse favorite ),
« Quelqu’un
Dans l’avenir
Se souviendra
De nous… »
Cette strophe résume aisément le sujet d’ « histoirecenthistoires ».
L’intérêt porté, par nos contemporains, aux vedettes actuelles occulte
bien souvent le souvenir des célébrités d’autrefois.
Tranquillement, peu à peu, le temps et les hommes ont effacé leurs empreintes de nos mémoires.
Retrouver leurs traces, se souvenir d’elles, est la pensée de ce blog.
J’affectionne aller reconnaître les catacombes du passé, où dorment ces héroïnes et ces héros.
J’aime questionner les ruines des lieux où leurs cœurs battirent. Je m’émerveille de voir ces endroits abandonnés, pourtant magiques, se ranimer, au premier accent du rêve, et retrouver tout leur éclat ancien.
Je vous invite à partager avec moi, ces rêves, ces enchantements, par des textes, de la poésie, des images et des récits de voyages.
C’est à une « odyssée » que je vous convie.
Embarquons alors et voguons !
J .D.

mercredi 7 septembre 2011

Jeanne d'Arc, le procès de condamnation - 1ere partie

« Jeanne.
Quelles sont ces cloches dans la nuit ?
Frère Dominique.
Les cloches qui sonnent le glas »

Jeanne au bûcher, scène VII – Paul Claudel

Prise de Jeanne d'Arc

Le 25 mai 1430, la nouvelle de la capture de Jeanne d’Arc à Compiègne, parvient à Paris.

L’Université de Paris, « la bouche ouverte pour dire la vérité » (Bossuet),  entend maintenant régler son compte à l’apostate.  Quelques temps auparavant, elle avait déjà dénoncé Jeanne à Rome.

L’Université de Paris, temple et conscience de la catholicité, est une pépinière de théologiens et de savants docteurs.  Depuis 1418, elle est anglaise et romaine à la fois.  Elle jouit de nombreux bénéfices, distribués pour une partie par les Anglais et de l’autre par Rome. Très puissante, elle apporte sa voix dans l’élection des Papes.

A peine Jeanne est-elle aux mains des Bourguignons, qu’autoritairement les théologiens de Paris la réclament pour lui faire un procès.
 
« icelle femme qui se dit la Pucelle, au moyen de laquelle l’honneur de Dieu a été sans mesure offensé, la foi excessivement blessée, et l’Eglise fort déshonorée. »

C’est décidé d’avance, Jeanne sera brûlée comme  hérétique et séditieuse ( ce terme apparaîtra parmi les chefs d’accusation). 

Quant aux Anglais, ils vont mettre un peu de temps pour comprendre le service que Paris ne demande qu’à leur fournir.  Ils s’obstinent à vouloir Jeanne pour eux seuls. Aussi, la réclament-ils, à leur tour, aux Bourguignons.

Par conséquent, Il faut trouver un arrangement.  L’évêque Cauchon, à la fois homme d’Eglise et politicien considérable (les Anglais l’ont associé à leur conseil royal) va trouver la solution.
Que les Anglais prennent donc la « sorcière », puisqu’ils attachent tant de prix à la détenir, mais qu’il soit bien clair que si Jeanne est envoyée au jeune roi d’Angleterre, Henri VI, c’est pour qu’elle soit aussitôt mise à la disposition de l’Eglise.  Jeanne sera alors jugée pour ses multiples  crimes, sortilèges, idolâtrie, invocations diaboliques, et plusieurs autres cas encore touchant la foi.  

Bedford

Mais il faut de l’argent pour acheter Jeanne, beaucoup d’argent.  A 10 .000 livres s’élève la valeur marchande de la Pucelle.  Bedford promet cette somme au propriétaire de la captive, Jean de Luxembourg.  Mais, les Anglais décident de ne pas payer eux-mêmes ce montant. Ce sont les gens de la Normandie qui payeront.  Evidemment, la collecte prend un peu de temps, ce qui exaspère l’Université, pressée d’en finir.  En novembre, elle attend toujours sa proie.  Finalement, vers le 20, la somme est versée et les Anglais se saisissent de Jeanne. 

Le 21, l’Université expédie deux lettres, l’une au roi d’Angleterre, l’autre à Cauchon.  Elle rappelle au souverain que par plusieurs fois, elle a eu l’honneur de lui réclamer, vainement hélas, la personne en cause, et déplore « ce long retard de justice qui doit déplaire à tout bon chrétien », par bonheur, disent les théologiens, « nous avons nouvellement entendu qu’en votre puissance est rendue à présent cette femme dite la Pucelle, ce dont nous sommes fort joyeux », et nous voici, « confiants que, par votre bonne ordonnance », il va devenir enfin possible de « réparer les maléfices et scandales advenus » par sa faute « au grand préjudice de l’honneur divin » que donc Jeanne soit « amenée » sans délai « en la cité de Paris » pour y être juger

L’autre lettre est adressée à Cauchon lui-même.  Le ton en est tout différent.  On est très mécontent de lui.  « nous voyons avec étonnement le grand retard apporté à l’envoi de cette femme…si votre Paternité avait prêté une diligence plus active.. »
à la poursuite de l’affaire, déjà la malfaisante et démoniaque Pucelle aurait expié ses crimes.  Conduite indigne d’un serviteur et fils de l’Eglise.  Il faut dire que l’Université n’aime pas beaucoup Cauchon et elle saute sur l’occasion pour lui infliger un blâme. Mais Cauchon n’était pas responsable de l’entêtement de Bedford qui ne voulait pas régler la facture de Jeanne tant que les contribuables normands n’avaient pas versé l’entièreté de la somme exigée par son possesseur.

Philippe le Bon
C’est convenu, maintenant, il y aura bien procès d’Eglise contre Jeanne.  Mais pas à Paris, Bedford veut que ce procès ait lieu à Rouen et pas ailleurs.  Il ne met pas en doute la bonne volonté des théologiens de service.  Mais Paris n’est pas une ville assez sûre.  Bedford commence à se méfier de ce Philippe de Bourgogne, dont la conduite, ces derniers temps, l’inquiète.  Le duc n’a pas pris Compiègne et s’est retiré avec ses troupes. Drôle de manière de faire la guerre à celui qui se fait appeler Charles VII.  L’année précédente, le Bourguignon avait déjà fait un coup pareil à Orléans en abandonnant, à leur sort, ses alliés Anglais.  Donc, Paris à éviter.  Rouen, véritable capitale anglaise où réside la Cour, convient parfaitement pour ce procès.  Mais que l’Université de Paris se rassure, elle ne sera pas écartée du procès qu’elle a tant voulu et tant attendu.  Elle y enverra toute une délégation et on ne décidera rien sans elle et l’on se rangera  à son avis après l’avoir consultée.  Voilà les théologiens rassurés.

Le transfert de Jeanne commence fin novembre, par étapes.  C’est à Arras, que les Anglais prennent livraison d’elle.  On fait un grand détour, pour éviter tout coup de main éventuel des Armagnacs.  On n’est jamais trop prudent avec ces « Frenchies ». 






Mais le roi de France, Charles VII a déjà abandonné Jeanne à son sort.  Elle n’a plus rien à espérer de ce côté-là. 



La petite troupe passe par le Crotoy, Saint-Valéry, Eu, Dieppe, et le 23 décembre 1430, dans l’après-midi, elle parvient à Rouen. On incarcère Jeanne dans une tour du château.    A présent, le procès de condamnation va pouvoir s’ouvrir.

(à suivre)


Rouen


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