Médecin engagé dans l’action sociale, Henry Cazalis, naît en 1840, dans la région parisienne. Outre de nombreuses publications scientifiques, il publie des ouvrages consacrés à l’art. Très tôt, il manifeste un goût ardent pour la poésie. A vingt-cinq ans, il sort son premier recueil de poèmes «Les chants populaires d’Italie ». Grand voyageur, il pénètre le bouddhisme et les littératures orientales. Il joint ces découvertes à sa poésie. Il chante ainsi l’éternelle illusion de la vie. Paul Bourget compare sa poésie au charme inquiétant et pénétrant de la peinture de Burne Jones et de la musique tzigane. Il rejoint les Muses à l’âge de soixante-neuf ans.
Toujours.
Tout est mensonge : aime pourtant,
Aime, rêve et désire encore ;
Présente ton cœur palpitant
A ces blessures qu’il adore.
Tout est vanité : crois toujours,
Aime sans fin, désire et rêve ;
Ne reste jamais sans amours,
Souviens-toi que la vie est brève.
De vertu, d’art, enivre-toi ;
Porte haut ton cœur et ta tête ;
Aime la pourpre, comme un roi,
Et, n’étant pas Dieu, sois poète !
Rêver, aimer, seul est réel ;
Notre vie est l’éclair qui passe,
Flamboie un instant sur le ciel,
Et va se perdre dans l’espace.
Seule la passion qui luit
Illumine au moins de sa flamme
Nos yeux mortels avant la nuit
Eternelle, où disparaît l’âme.
Consume-toi donc ; tout flambeau
Jette, en brûlant, de la lumière ;
Brûle ton cœur, songe au tombeau
Où tu redeviendras poussière.
Près de nous est le trou béant ;
Avant de replonger au gouffre,
Fais donc flamboyer ton néant ;
Aime, rêve, désire et souffre !
(L’illusion : Chants de l’amour et de la mort)
Henry Cazalis.
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