bienvenue à tous,

Il me revient un vers de Renée Vivien ( ma poétesse favorite ),
« Quelqu’un
Dans l’avenir
Se souviendra
De nous… »
Cette strophe résume aisément le sujet d’ « histoirecenthistoires ».
L’intérêt porté, par nos contemporains, aux vedettes actuelles occulte
bien souvent le souvenir des célébrités d’autrefois.
Tranquillement, peu à peu, le temps et les hommes ont effacé leurs empreintes de nos mémoires.
Retrouver leurs traces, se souvenir d’elles, est la pensée de ce blog.
J’affectionne aller reconnaître les catacombes du passé, où dorment ces héroïnes et ces héros.
J’aime questionner les ruines des lieux où leurs cœurs battirent. Je m’émerveille de voir ces endroits abandonnés, pourtant magiques, se ranimer, au premier accent du rêve, et retrouver tout leur éclat ancien.
Je vous invite à partager avec moi, ces rêves, ces enchantements, par des textes, de la poésie, des images et des récits de voyages.
C’est à une « odyssée » que je vous convie.
Embarquons alors et voguons !
J .D.

mercredi 30 mars 2011

une vengeance familiale

Belgique, Bruxelles,  dans l’église de Notre-Dame de la Chapelle existe un tableau.
Ce tableau, œuvre originellement du peintre Pierre-Paul Rubens, n’est plus qu’une copie.   L’original fut vendu au 18e siècle.  Cette peinture, qui représente Jésus offrant les clefs du paradis à Saint-Pierre, servit, au 17e siècle, de cadre à une petite vengeance familiale.

Remontons à l’origine de cette histoire.

En 1569, Meurt à Bruxelles, dans des circonstances mal définies, le grand peintre humaniste,  Pierre Breughel l’Ancien.  Il laisse une veuve et deux fils.  Les deux garçons seront peintres à leur tour.  Le plus célèbre sera Jean Breughel, dit de velours, ami intime et collaborateur de Rubens.

On enterre  Pierre Breughel dans l’église de Notre-Dame de la Chapelle.  Sa veuve Marie Coucke l’y rejoindra en 1578.

Dans cette paroisse, Jean Breughel va  élever un monument en souvenir de ses parents.  Rubens  lui donnera une toile, représentant le saint patron de son père.  Rubens estimait infiniment l’oeuvre de Breughel l’Ancien, il possédait treize compositions de celui-ci.

Les décennies passent.

L’année 1676.

Le peintre David Teniers III, dit le plus jeune, rénove le mémorial dédié à Pierre Breughel l’ancien par Jean Breughel.

Pourquoi ?

Enfant d’un premier mariage, le jeune David ne s’entend ni avec son père,  David Teniers II, peintre aussi célèbre pour ses productions que pour son mauvais caractère, ni avec sa belle-mère.  A cela s’ajoute une querelle d’héritage.  Le père veut dépouiller le fils de l’héritage de sa mère.  Une famille bien unie comme on le voit.

La maman du jeune David, s’appelait tout simplement Anne  Breughel, elle était la fille de Jean Breughel.  Ainsi par sa mère, le jeune David, descendait de Pierre Breughel l’Ancien.

En ranimant le souvenir de son aïeul, il montrait à son père, et par la même occasion à sa belle-mère (tant qu’à faire), qu’il était de la lignée des Breughel, lesquels en peinture, surpassaient les Teniers et surtout son père. Petite vengeance familiale, pas très méchante, mais le jeune David connaissait le caractère colérique de son père et savait que cela donnerait de la gaieté  à la maison. 

Souvent se cachent derrière les compositions artistiques de petites histoires ou des idées, qui les éclairent d’une autre lumière.  Ces faits humains, nous rapprochent de l’artiste et de son œuvre. Ces anecdotes, nous donnent l’envie d’aller voir plus loin, de regarder autrement ce qui s’offre à nos yeux.
Ces récits nous rendent vivace et l’artiste et son travail. Ce n’est plus une création artistique poussiéreuse que l’on découvre, mais la vie tout simplement.

«… voici la maison du poète
Où la mort se tait, où le deuil n’entre pas… »
 (Renée Vivien – extrait.)
  J.D



Traduction de l’inscription latine figurant sur le mémorial :

« A Pierre Breughel, peintre dont l'art fut tel par son exactitude et  sa beauté que la nature elle-même, mère de toutes les choses, le loue, que les plus grands artistes en sont étonnés et que ses émules l'imitent en vain.  Ce monument est aussi  dédié à sa  femme Marie Coucke. Jean Breughel l'a élevé avec amour pieux à ses excellents parents.  Il (P.Breughel) mourut en 1569, elle (M.Coucke) en 1578.  David Teniers, le plus jeune des descendants l'a rénové en 1676. »

Rubens le Christ

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